Soho House - 29 mai 2020 [Traduction]

Avec son nouvel EP, Amelia Warner célèbre la beauté du foyer

La musicienne londonienne derrière la bande originale du film "Mary Shelley" parle de l'évolution de sa carrière musicale et partage sa playlist de titres pour rester inspiré à la maison

Par Jess Kelham-Hohler

Tandis que ces derniers mois nous ont tous peut-être donné une nouvelle appréciation de notre foyer, la musicienne Amelia Warner étudie depuis longtemps ses profondeurs cachées. Après avoir emménagé dans sa nouvelle maison, dans le Gloucestershire, avec son époux et ses enfants, il y a à peine un an, Warner en a fait son studio d'enregistrement. Là, elle a incorporé les sons dans son prochain EP, "Haven". Avant sa sortie, Warner nous a parlé de son changement de carrière, d'actrice à compositrice de musique de films tels que "Mary Shelley", de sa carrière de chanteuse en tant que Slow Moving Millie, et de la manière dont la maternité a changé sa perspective.

Cliquez ici pour écouter la playlist exclusive de Warner, composée de titres destinés à faire fonctionner votre imagination tandis que vous êtes à la maison.

Racontez-nous comment vous êtes passée d'une carrière d'actrice à celle de musicienne.
En ce qui concerne la musique, je suis essentiellement autodidacte, et je joue du piano depuis que je suis toute petite. Une fois que j'ai eu un ordinateur, un programme informatique, et que j'ai pu enregistrer des morceaux moi-même, je le faisais constamment sur les plateaux de tournage, dans ma loge, en enregistrant quelques bribes par-ci, par-là. Pour la première fois, je pouvais jouer avec des cordes et comprendre comment faire des arrangements. C'était tout un voyage initiatique. J'avais écrit une musique au piano pour le film d'un ami, et j'ai éprouvé tellement de joie durant tout le processus et la collaboration. J'ai réalisé que c'était ce que je voulais faire.

Comment vous-êtes vous retrouvée à enregistrer de la musique en tant que Slow Moving Millie ?
J'avais travaillé sur des publicités, et sur l'une d'elles, j'ai rencontré quelqu'un qui travaillait sur la publicité de Noël de l'enseigne John Lewis. Il m'a demandé si je pouvais faire un arrangement pour la publicité ; il s'agissait d'une reprise de "Please, Please, Please Let Me Get What I Want" de The Smiths. J'ai chanté sur la démo, et les gens de chez John Lewis ont adoré, alors ils m'ont demandé si je pouvais chanter sur la version finale. C'est comme ça qu'est néée Slow Moving Millie. Sur cette lancée, j'ai enregistré un album de reprises. C'était logique, par rapport à la publicité, et j'adorais le défi posé par l'arrangement des morceaux. Mais ce n'était pas vraiment de ce côté que mon cœur penchait.

Décrivez votre parcours de musique instrumentale à compositions de musique de films.
Après la sortie de cet album de reprises, je me suis également mariée, et j'ai eu mon premier enfant. Pour moi, lorsque j'ai eu des enfants, ça m'a mise au pied du mur, d'une manière tout à fait positive. Ça m'a fait réfléchir à ce qui est important. Qu'est-ce que je veux dire, et qu'est-ce que je veux que ma fille me voie faire ? J'ai eu une épiphanie. Je savais que je voulais créer quelque chose. Je crois que le fait d'avoir eu ma fille m'a donné le courage de retourner voir Island Records, pour leur dire que je ne voulais pas faire le second album dont nous avions parlé, mais que j'avais environ vingt-cinq morceaux de musique au piano. C'était le genre de musique que je voulais faire.

Une grande partie de votre musique, en particulier pour des films comme "Mary Shelley", consiste à créer une ambiance. De quelle manière pensez-vous que votre environnement influence votre musique ?
Je pense qu'il y a une connexion inévitable. L'EP qui va sortir, "Haven", traite du foyer et d'un endroit sûr. J'ai écrit la musique après que nous ayons emménagé, au début de l'année dernière, et après avoir eu notre troisième enfant. Il y a une impression de chaleur et de sécurité que j'ai ressentie [dans cette maison], qui est, je pense, très présente dans l'EP. Nous avons même enregistré les oiseaux à l'extérieur et le feu qui crépite, les sons de la maison en elle-même. Et nous avons enregistré l'EP chez moi, donc il fait tout à fait partie de ce lieu. J'avais en quelque sorte envie de capturer la pièce elle-même. Même si le monde n'était pas confiné à ce moment là, je venais d'avoir un bébé. Donc, d'une certaine manière, je vivais une vie confinée. Pouvoir enregistrer ici était très spécial, en particulier en démontrant que je pouvais créer quelque chose tout en étant coincée chez moi.

Durant le confinement, recherchez-vous l'inspiration sur un plan créatif, ou faites-vous une pause ?
J'oscille sans aucun doute entre un sentiment de productivité intense, et l'impression de n'avoir aucune inspiration ni motivation. Il y a aussi une part de moi-même qui n'a qu'une envie, c'est de passer du temps avec mes enfants, parce que je ne sais pas s'il y aura d'autres moments où nous nous retrouverons tous réunis ainsi. Par certains côtés, notre vie n'a pas tellement changé, parce que nous vivons au milieu de nulle part et ne sortons quasiment jamais. Mais nous étions supposés être à New York pendant un an, parce que mon époux devait y travailler. En février, lorsque nous avons vu que les choses évoluaient, nous avons décidé de rentrer à la maison. Tout ça a été un peu un choc, et a nécessité quelques réajustements. Mais maintenant que nous sommes chez nous, ça nous octroie en réalité un temps précieux, pour nous tous. Je me sens très chanceuse d'être là où nous sommes.

Si vous deviez choisir trois outils essentiels pour ce que vous faites, lesquels seraient-ils ?
L'un serait un piano ou un clavier. J'ai un piano droit dans mon studio, et un piano quart de queue dans notre maison, lequel est très vieux et abîmé. Nous l'avons racheté à quelqu'un de l'école de nos filles qui devait s'en séparer. Il fait un son magnifique, mais il est capricieux. Deuxièmement, l'application d'enregistrement de notes vocales sur mon téléphone. J'enregistre toujours le squelette d'un morceau pour commencer. Enfin, le troisième outils serait Logic, le programme que j'utilise sur mon ordinateur pour ajouter davantage de couches, de couleurs et de textures. C'est toujours excitant de voir où les choses peuvent mener.

Traduction par et pour Amelia Warner France. Merci de ne pas la reproduire.